LES NUS

C'est loin des lieux de reportage et des studios parisiens, que Serge de Sazo réalise ses premiers nus véritablement 'intentionnels'.
Le hasard d'une commande de reportage sur l'Île du Levant (mai 1950) lui en offre l’occasion, une rencontre imprévisible qui changera pourtant radicalement le cours de sa vie…
Il est immédiatement conquis par ce petit paradis naturiste curieusement proche de la côte mais fortement éloigné des conventions sociales.
Fasciné par la rencontre avec cet univers presque totalement libéré des codes urbains où la nature et la nudité des corps se fondent en une parfaite et convaincante symbiose.
Plus qu'une simple enclave idéale ou mythique, il y voit la preuve qu'une harmonie originelle du monde peut être retrouvée, que l’existence d'un paradis terrestre serait presque tangible.
Ces toutes nouvelles sensations ouvrent aussi sa curiosité vers de nouveaux champs d'exploration, il comprend que saisir ces instants de profonds ravissements s'impose désormais comme une exigence à sa vision photographique .
Ne plus subir l'instant, observer son sujet, prendre le temps, apprendre à travailler simplement avec les éléments, la lumière, le ciel, l'eau, la mer…
Les études de Serge de Sazo reposent autant sur le ravissement qu'offre le spectacle de la nature, que sur la volupté des formes de ses modèles.On les dirait même parfois posées au premier plan de l'image simplement pour nous rappeler la mesure et l'échelle du décor.Sur l'une, au premier plan le modèle pose de dos, dans une attitude langoureuse, elle semble diriger son regard dans la même direction que le spectateur, vers un point de l’horizon où l'attention et les regards convergent.
Sur une autre, le modèle pose de trois quarts-face, elle ignore l'objectif .Rayonnante elle fixe un point hors du cadre, un spectacle visible que d'elle seule . Son visage en est cependant un parfait miroir, nous redistribuant la douceur et la grâce qu'exerce ce spectacle illuminant de la nature.
Serge de Sazo nous livre avec ses études de nus une œuvre fine et rigoureuse, une ode naturaliste et onirique, portant le regard du spectateur vers de vastes et de calmes jubilations contemplatives.